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Tocllaraju (6034m)

Le Tocllaraju était le sommet qui était encore planifié avec l'ascension de Ishinca et Urus mais par la raison des conditions météo, il était impossible à faire, alors il fallait partir une fois de plus pour la même tentative.

Après avoir fait le Huascaran, j'ai rencontré à l'hostal Tambo un gars qui avait l'air bien balèze, qui était vénézuelien et qui s'appelait Ezechiel. Par bonheur, il était intéressé par les mêmes ascensions que moi alors le sommet qui a été choisi était le Tocllaraju. Initialement, on a prévu la montée par la paroi (Voie directe) mais une fois arrivés près de la rimaye, qui était énorme, on s'est rendu compte que la neige et la glace présentaient un état de sorbet; pour mettre une broche, c'était impossible car on la ressortait sans effort après l'avoir vissée, et pour mettre un pieu à neige, c'était également impossible car le substrat était trop dur pour l'enfoncer. Rien que la traversée de la rimaye était déjà difficilement envisageable, il nous restait encore derrière environ 300 mètres de paroi à 60°/65° d'inclinaison, recouverte de glace et de neige de même qualité, alors on a pris la décision de renoncer à cette idée et d'arriver au sommet par la voie normale. Vu qu'on a dépensé pas mal de temps pour arriver jusqu'à la rimaye et qu'en plus le vent était très fort et très froid, ce qui ralentissait toutes les manips de corde et la progression, on a décidé de revenir au camp de base et faire le sommet par la voie normale le lendemain.

Au camp de base, on a fait que manger et boire la journée entière car, sans s'en rendre compte, on se déshydrate énormément en altitude. Notre réchaud (Primus omnifuel) nous a laché une fois de plus en milieu de journée. Fort heureusement, d'autres personnes ont pu nous prêter leur réchaud (MSR) mais ça ne nous a pas permis d'avoir suffisamment d'eau, alors on a dû dormir (une fois de plus) avec des bouteilles remplies de neige dans nos sacs de couchage.

Grâce à tout notre zèle de la veille, on est partis en bonnes conditions (pour une fois) avec suffisamment d'eau et en ayant suffisamment bien dormi. L'ascension n'était pas très technique, on avait que quelques crevasses à franchir mais pas très méchantes. On avait que 3 petites parois entre 50° et 60° à grimper, le reste était de la marche.

Quand on est arrivés près du sommet (environ 40m en dessous), il y avait une rimaye énorme et malgrès le fait qu'on y était assez tôt (6h du matin), la neige était déjà très très molle; ce n'était même pas de la glace; ces derniers mètres présentaient une pente assez raide avec le problème qu'il était impossible de se sécuriser. J'ai entamé la montée vers le sommet en étant assurée par en dessous au niveau de la rimaye mais prendre un appui soit avec les crampons, soit avec les piolets était impossible. Il me restait environ 20m jusqu'au sommet, mais ça ne valait pas le coup de prendre le risque. J'aurais pu continuer de quelques mètres, mais de toute façon, je ne pouvais pas mettre un relais pour que mon compagnon me rejoigne et me détacher de la corde pour aller seule vers le sommet était trop risqué.

Une fois qu'on a commencé à casser la croûte, on a aperçu qu'un serac s'était éffondré et que ses éclats de glace étaient dispersé sur le chemin qu'on avait emprunté une vingtaine de minutes plus tôt; c'est surprenant de se rendre compte parfois à quoi tient notre vie dans la haute montagne...

La descente comportait 3 rappels, il faisait beau et on avait un joli sommet (presque fait) derrière nous. Le soir, on savourait déjà un repas chaud à Huaraz, con lomo saltado y chicha morada.